
"Éduquons nos enfants sans violences"
Article - Compte rendu de la conférence

Etape 1 du Continuum des Violences
Cycle 2025 Famille- Société- Violences: comment avancer?
« Eduquons nos enfants sans violences »
7 avril 2025 en présentiel à Chambéry-Savoie et en visioconférence
et en Présentiel délocalisé à St-Jean-de-Maurienne avec le Centre Social La Fourmilière -
avec l'Association STOP VEO et Nathalie BEAL-GUILLAUME, Référente régionale STOP VEO ancienne avocate du Droit de la Famille et des enfants, formatrice en parentalité
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Les Violences Educatives Ordinaires soulèvent en France le plus souvent incompréhension et déni, normalisation et banalisation !
L'exposé argumenté, clair, convaincant, démonstratif et sensible de Nathalie BEAL-GUILLAUME a indiscutablement emporté l'adhésion du public présent dans la salle et en visioconférence. Les nombreuses réponses au sondage proposé le soir même et le lendemain ont fait la preuve de la satisfaction des participants, de leur intérêt pour le sujet et d'une mobilisation possible !
Pour amener l'auditoire à être pleinement confronté à la réalité émotionnelle des VEO, Nathalie BEAL-GUILLAUME a ouvert la soirée par la projection de la vidéo « L'Héritage ».


A retrouver via https://www.youtube.com/watch?v=3wXAbcv1IKk.
Plusieurs aspects n'ont pas manqué d'interpeler le public : la fatalité de l'autorité paternelle, l'éducation « dressage » par la crainte, la relation de domination masculine au sein du couple parental, le non-respect du corps de l'enfant, l'ignorance des possibles conséquences des coups sur la santé physique, psychique et le développement de l'enfant, la crainte de la reconduction de comportements quand on a été soi-même un enfant victime et donc la nécessité de la prise de conscience de sa propre histoire pour ne pas reproduire les schémas familiaux.
Pendant plus d'une heure et demie, Nathalie BEAL-GUILLAUME a ensuite développé avec aisance et conviction les différents aspects du sujet pour un auditoire très attentif et investi.
Des violences éducatives ordinaires à la maltraitance
En définition :
Les violences éducatives ordinaires sont des violences physiques, psychologiques ou verbales : « éducatives » car utilisées pour éduquer ou faire obéir l'enfant
Des violences dites « ordinaires » parce que pratiquées dans tous les milieux, considérées comme normales et utilisées d'une façon quotidienne, à tous les instants de la vie de l'enfant – à la maison, à l'école, dans le cadre associatif, sur les réseaux sociaux.
En chiffres :
3/4 des enfants dans le monde entre 2 et 4 ans sont victimes de violences physiques et verbales.
Dans 30 pays en mesure d'évaluer les VEO, 6 enfants de un an sur 10 en moyenne sont frappés à la tête et aux oreilles et 1/4 sont secoués, pouvant entrainer la mort ou provoquant des dommages irréversibles.
En France :

La maltraitance :
A la différence des VEO, la maltraitance n'a pas de visée éducative et n'est pas mise en œuvre par son auteur « pour le bien de l'enfant ». Il s'agit de la violence sans raison d'un adulte. Inacceptable socialement et répréhensible par la justice, dans 75% des cas, la maltraitance est le plus souvent l'évolution d'un climat de violences éducatives ordinaires.
Les négligences lourdes consistent à ne pas répondre aux besoins essentiels de l'enfant : telle la privation de nourriture, l'absence de soins d'hygiène ou de santé
Les VEO et le poids de la tradition éducative :
Les Violences Educatives Ordinaires sont traditionnellement tolérées en France et sont même considérées comme une « manifestation normale de l'autorité » de l'adulte sur l'enfant, ce qui rend la prise de conscience par les pouvoirs publics et la société tout en entière d'autant plus difficile.
Un échange avec la salle a permis de faire apparaitre l'évolution des sensibilités au fil des dernières décennies au travers des réactions. A titre d'exemple ici, l'usage du martinet – largement répandu dans les années 50 et considérés comme un moyen éducatif à l'époque – est considéré sans hésitation comme une maltraitance avérée.
Quelques idées toutes faites, transmises de génération en génération doivent retenir notre attention :
« C'est mon enfant, je fais ce que je veux avec lui » qui peut relever de choix éducatifs mais aussi peut devenir un laisser-passer à la maltraitance sans considération du respect de l'intégrité physique et psychologique de l'enfant et tout simplement de la loi.
« Il y a fessée et fessée » dit tout de la banalisation de l'acte violent et dégradant qui plus est interdit.
« Si tu n'es pas autoritaire maintenant, à l'adolescence tu verras ! » est significatif de ce que l'adulte conseilleur pense de l'enfant ! Être calculateur, méchant, prêt à en découdre avec son parent qui deviendrait alors sa victime dans un rapport de force inversé à son avantage
Qui n'a pas entendu s'exprimer une personne plus âgée regretter le temps de l'éducation punitive, stricte « De mon temps, « les enfants ça filait droit », réclamant ainsi le Droit au respect inconditionnel de la sphère privée sans avoir la moindre conscience des violences qu'il peut s'y dérouler.
Le propre des violences éducatives ordinaires est qu'elles sont administrées à l'enfant par quelqu'un qu'il aime, qui est indispensable à sa survie et à son développement. C'est ainsi que le cercle vicieux se perpétue car l'enfant devenu adulte et parent, va reproduire le modèle éducatif qui lui a été donné « pour son bien ».
A chacun la responsabilité, d'inverser le cours des choses !
A regarder absolument: Vidéo STOP VEO de sensibilisation https://www.youtube.com/watch?v=ay6DL7tDUaM
Les conséquences des Violences Educatives Ordinaires
Empêcher la connaissance de soi :
Les exemples du quotidien de la communication des adultes abondent : « Arrête de pleurer comme un bébé !» « Va te calmer dans ta chambre » « Tu es excité : tu me fatigues ! ». La maturité du cerveau de l'enfant ne lui permet pas de comprendre les déclencheurs de ses émotions ni de les exprimer. Bousculer son enfant pour le faire taire, en l'éloignant, le moquant, le punissant, lui interdisant d'exprimer sa déception, sa tristesse, sa colère, en banalisant ce qu'il éprouve, sont autant d'occasions perdues de le rassurer, de lui permettre de se connaitre au travers du prisme de ses émotions. C'est l'empêcher de développer la conscience de soi au travers de ce que les émotions lui disent de la situation et apprendre par lui- même ce qu'il serait bon pour lui de faire.
La faible connaissance du développement du cerveau de l'enfant par les parents est un constat et ceci en dépit de l'action des Relais Petite Enfance, de l'accompagnement à la parentalité mis en oeuvre par les Centres Sociaux,
L'impact des VEO
Sur le développement du cerveau
Une situation de violence, incompréhensible et brutale déclenche chez tout jeune enfant un stress au point de provoquer un effet de sidération qui entraine une forme d'amnésie émotionnelle, d'oubli allant jusqu'à l'état de dissociation. L'adulte a alors le sentiment que l'enfant est indifférent et sans réaction, ce qui peut relancer de nouvelles violences.
Les séquelles sur le cerveau les capacités de mémorisation et le fonctionnement neurologique et cognitif, sont connus et il prend le plus souvent plusieurs décennies pour « se souvenir » .
Conséquences physiologiques et psychologiques
Les maladies cardio-vasculaires à l'âge adulte sont associées aux violences éducations ordinaires ainsi que les risques élevés de troubles anxieux, dépression et maladies psychiques.
Sur un plan psychologique, l'estime de soi est difficile à construire avec pour conséquence un manque de respect de soi-même, une tendance aux addictions, des prises de risque induisant des parcours de vie chaotiques .
Conséquences sociétales : conditionnement à la violence par l'expérience de la violence
Pendant les cinq premières années de sa vie, chaque expérience s'inscrit dans le développement des mille milliards de synapses du patrimoine neuronal qui va permettre à l'enfant de constituer les fondations de son intelligence, de son fonctionnement psycho-affectif et cognitif. Si son expérience du monde est la violence, les cris et la peur, son système de référence sera celui de la violence.
Elevés dans un rapport de force à l'adulte, la soumission voire la crainte, rien d'étonnant à ce que les enfants développent l'habituation à la violence, la résistance à l'empathie et reproduisent à l'égard d'autrui ce qu'ils ont vécu eux-mêmes.
Notre société admet, reconnait et valorise toute une palette de relations « violentes ». Les violences verbales, physiques ou psychologiques sous des formes plus ou moins subtiles, plus ou moins aigues s'exercent au quotidien dans le cadre éducatif, au sein des couples, des familles, des entreprises et des Institutions.
La coexistence de différents modes de violences est rendue possible par le déni et l'insensibilisation collective qui va jusqu'à reconnaitre comme seule résolution possible au conflit les gestes, comportements et vocabulaires de la violence.
L'interdiction légale des Violences Educatives Ordinaires
La Suède :
En Suède, l'enfant est considéré comme un sujet de Droit et bénéficie d'une protection absolue par l'Etat depuis 45 ans. Contrairement à la France où 1 enfant meurt tous les 5 jours dans un cadre familial, en Suède 1 seul enfant par an décède dans un environnement analogue.
La Convention Internationale des Droits de l'Enfant :
La France a signé la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, adopté le 20 novembre 1989. Il s'agit du texte international le plus ratifié au monde avec 196 Etats (sans les Etats-Unis).
L'article 19 spécifie que "l'Etat doit protéger l'enfant contre toutes formes de mauvais traitements perpétrés par ses parents ou tout autre personne à qui il est confié, et il établit des programmes sociaux pour prévenir les mauvais traitements et pour traiter les victimes"
Cependant, seulement 68 Etats ont à ce jour rédigé une loi nationale interdisant les châtiments corporels afin de veiller à la protection des enfants.
En France :
En 2016, l'ONU a vérifié la mise en application de la Convention des Droits de l'Enfant dont la France était signataire. Comme la France n'avait rien mis en œuvre, nous avons été condamnés.
Fondée par Céline Quelen en 2016, l'association STOP VEO est issue du drame d'un enfant de 3 ans, tué par son père et dont un journaliste avait dit « C'est une punition qui a mal tourné ».
C'est ainsi que la loi de 2019 a été votée sous la pression de plusieurs associations – dont STOP VEO - avec le rajout de l'alinéa « L'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques »
Un nouvel alinéa du Code Social précise l'obligation de formation des assistants maternels aux gestes de premiers secours et à la prévention des violences éducatives ordinaires pour exercer la profession.
Il est à regretter que seuls les parents soient concernés par la loi française de 2019 contrairement à l'extension à « toute autre personne à qui l'enfant est confié » de l'alinéa 19 de la Convention Internationale.
D'autre part, les violences verbales n'ont pas été retenues bien que à l'origine de réelles souffrances et de ruminations :


A regarder absolument : Vidéo STOP VEO « Les mots qui font mal ou les violences verbales » https://www.youtube.com/watch?v=lRCKnN3DReU
A noter l'amélioration du nouveau carnet de santé du bébé : Depuis janvier 2025, il est précisé le cadre obligatoire de l'éducation sans violences physiques et psychologiques de l'enfant.
Quelle prévention mettre en œuvre ?
Il est contre-productif de vouloir convaincre en famille ou dans son cercle rapproché quand la confusion Education sans violences / Education sans limites mène invariablement à l'impasse.
Plutôt que de perdre son temps à débattre, il est plus important de faire évoluer ses propres comportements de parents et/ou de professionnels, faisant ainsi la preuve de ses effets bénéfiques sur l'enfant, soi-même et le climat familial.
Nathalie BEAL-GUILLAUME a terminé son exposé par la mise en exergue des objectifs de la Parentalité, tels qu'ils sont définis par la CAF.
Pour les parents, accompagnés par des structures de parentalité que sont les Centres Sociaux, crèches et Relais Petite Enfance le discours a semblé familier. Il a été rappelé l'importance de
- la prise de conscience progressive de sa propre histoire avec le recul de sa vie d'adulte et le regard sur les injonctions éducatives de l'époque qui ont influencé les comportements de nos parents.
- la nécessité du cadre éducatif dont les limites posées, sécurisent l'enfant, assure sa sécurité et son intégrité physique et psychologique.
- la capacité à faire évoluer le cadre éducatif en fonction du développement et des capacités de l'enfant/ado
- Apprendre à dégager du temps et de la disponibilité pour observer, repérer les émotions, comprendre les comportements en fonctions des messages des émotions
et la connaissance des besoins premiers de l'enfant/l'ado
A regarder absolument ! Vidéo Stop VEO « Les mots que je ne te dirai pas »


https://www.youtube.com/watch?v=TQJAPcGALgE
- Être respectueux du rythme de l'enfant/ado qui aura parfois besoin d'un peu plus de temps en gardant en mémoire que son développement physique, psycho-affectif et cognitif lui est propre et ne se conforme pas à notre temps d'adulte.
Pourquoi sensibiliser aujourd'hui aux Violences Educatives Ordinaires parents et professionnels en contact éducatifs avec les enfants ?
parce que les difficultés de santé mentale des enfants sont reconnues aujourd'hui plus aigües en France que dans les autres pays Européens
parce que aujourd'hui l'impact préjudiciable des VEO sur le développement psycho-affectif et cognitif des enfants est avéré et conditionne les comportements adultes, du fait d'une habituation à la violence
parce que le lien VEO-maltraitance- violences physiques et sexuelles- continuum des violences est aujourd'hui une plaie sociétale avec comme point commun : l'absence de considération de l'autre, l'absence d'empathie qui conduit au climat de violence généralisée que nous connaissons.
Et la suite ?
L'association STOP VEO a vocation à participer à la mise en œuvre de la prévention avec des ressources accessibles à titre gratuit
Adhésion à partir de 10 euros offrant accès à des webinaires d'information et sensibilisation
- Se renseigner sur le travail de STOP VEO via leur site www.stopveo.org
- la page facebook, Instagram et Linkedin
- S'intéresser aux publications
- « Guides de secours » de STOP VEO pour le sommeil, au supermarché, pour les devoirs etc https://stopveo.org/outils-sensibilisation/
- Proposer à votre centre social- l'école, des associations, la crèche de vos enfants ou le centre de loisir – l'atelier « Parents par tous les temps » et les formations pour des professionnels. https://stopveo.org/se-former/
Mais aussi
En parler à l'occasion au député de votre circonscription afin que soit débattu à l'Assemblée Nationale l'élargissement de la loi 2019 à tous les professionnels en responsabilité d'enfants et la nécessité de formations.
Article Compte-rendu: Marie-Annick VERGUET
Analyse de la participation
Replay des échanges
Suite à la demande de StopVEO, il n'y a pas de replay de la présentation. Vous trouverez ici le replay de l'introduction faite par Marie-Annick VERGUET et un retranscription des réponse aux questions de la salle ou des participants à la visioconférence www.youtube.com/watch?v=j8RktQlzGGQ
00:00:00 Introduction
00:05:08
Adultes : comment justifier ma position d'éducation sans violences de mon
enfant ?
00:07:51
Violences un enjeu de santé publique ?
00:08:58 La
loi de 2019 ne doit-elle pas être élargie à tous les professionnels de
l'enfance ?
00:10:51
Laisser pleurer un bébé, VEO ou maltraitance ?
00:12:42
Quelle différence entre négligence lourde et maltraitance ?
00:13:11
Quels recours en tant que professionnel témoin de violences ?
00:16:27
Comment faire de la prévention ?
00:21:45 Que
dire à une personne qui a été battue dans l'enfance et est envahie par son
passé ?
00:22:45
Un travail au quotidien sur les émotions peut-il aider ?
00:25:49
Risques accrus de VEO pour les enfants avec un trouble du neurodéveloppement ?
00:28:40 Un
cas pratique !
00:30:20
Comment demander une intervention de StopVEO
Communiqué de presse

Notre intervenante : Nathalie Béal-Guillaume
Accompagnante en parentalité,
Formatrice,
Ancienne Avocate en droit de la famille et des enfants, Référente Régionale STOPVEO
Inscriptions pour le présentiel à Chambéry ou le webinaire https://lessaintexuperiens.webnode.fr/inscriptions
Dans la logique de l'épuisement parental de la semaine de la parentalité 2024, de l'exploration de la colère de décembre et des apports en vue du développement des compétences émotionnelles des parents et des enfants , nous abordons le 7 avril la délicate question des violences éducatives ordinaires.
Les causes des violences éducatives sont diverses et évoluent au rythme de la société et des courants qui la traversent. La prise de conscience de leurs impacts et de leurs conséquences apparaît au rythme des découvertes en neurosciences, des moyens de les mesurer et de comparaisons concernant la santé mentale entre différents pays. Les situations aux effets délétères sur le développement de l'enfant sont connues : méconnaissance des besoins de l'enfant en général ou avec handicap invisible non identifiés, l'éducation bienveillante mal interprétée, l'épuisement parental, les situations de conflits, un haut-niveau d'exigences les punitions, la mise à l'écart ou tout simplement le jugement et les "plaisanteries". Le 7 avril, avec Nathalie BEAL-GUILLAUME, ancienne avocate nous vous proposons d'explorer cette thématique pour envisager ensemble les premiers petits pas possibles vers une société plus apaisée."
Attirer l'attention des familles, des professionnels de tous les secteurs en lien avec l'enfance et la jeunesse s'impose du fait d'une méconnaissance de la loi 2019 en vigueur.